Et si le nucléaire durable pouvait résoudre la pénurie d’eau ?

Dans sa présentation du « plan eau », le président de la République a fort justement insisté sur trois points fondamentaux : l’eau est une force vitale, notamment pour l’agriculture, et en disposer en suffisance relève de la souveraineté alimentaire de notre pays ; les nouvelles conditions climatiques imposent d’user sobrement de ce bien commun tout en améliorant la réutilisation des eaux usées ; outre l’agroalimentaire, l’économie nationale en est impactée à travers un petit nombre de secteurs essentiels : l’industrie, le tourisme, les loisirs et l’énergie.

Toutefois, il faut préciser que cette dernière ne constitue pas seulement un secteur, elle est la clé d’accès à chacun des autres. Si l’eau, c’est la vie, l’énergie, c’est l’aisance. C’est elle qui a permis à l’humanité de passer de la traction animale à la surpuissance numérique. Sans elle, pas de chaleur, pas d’électricité, pas d’industrialisation, pas de services. Certes, nous avons tous besoin d’eau, pour nos besoins personnels quotidiens et pour des usages industriels. Mais l’énergie, n’en est pas moins présente aussi à tout moment. Chaque machine, chaque outil, chaque bien, chaque service en exige une certaine quantité pour sa mise à disposition : cette « empreinte énergétique » est ce qu’il en coûte en énergie pour les produire, les conditionner, les acheminer, les consommer, éliminer les restes – suivant les lieux et les moments d’usage.

Exploiter les ressources aquatiques dont la planète regorge, afin de garantir à la population mondiale l’accès à une eau potable de qualité supposerait une dépense en énergie électrique au-delà de nos moyens actuels. De même pour répondre aux besoins d’une démographie mondiale croissante, pour assurer le développement industriel, pour supprimer les dommages causés à l’environnement, il faudra toujours davantage d’énergie. Et, par surcroît, celle-ci devra contribuer à rétablir les équilibres écologiques. Autant dire que le défi est gigantesque.

Mission impossible ? Je ne le pense pas. Tout le monde sait que le nucléaire actuel ne dégage pas de CO2 mais produit des déchets radioactifs. Cependant, il existe désormais un nucléaire durable, c’est-à-dire capable d’utiliser ces derniers comme carburant et de les faire disparaître en contrepartie de chaleur ou d’électricité. C’est une vraie révolution, due aux sels fondus et aux neutrons rapides : celle du nucléaire de la quatrième génération.

D’autant que l’on peut construire des « centrales de poche » en séries industrielles, c’est-à-dire de faire fonctionner des microréacteurs occupant chacun une surface au sol d’une cinquantaine de mètres carrés. Ceux-ci peuvent être reliés ou non aux réseaux de transport d’électricité, ce qui signifie qu’ils peuvent être installés près de tout complexe industriel, quel que soit son lieu d’implantation, et dans des collectivités territoriales isolées, où qu’elles se trouvent dans le monde.

Il est donc possible aujourd’hui de s’appuyer sur une énergie décarbonée, bon marché, disponible pour tous, non intermittente, propre – et sûre. Aucune pollution, aucun besoin d’eau, aucun risque, aucun résidu. C’est là une voie nouvelle conduisant à la souveraineté industrielle : proximité de la source d’énergie, disponibilité du carburant sur le sol national, en grandes quantités, indépendance à l’égard du pétrole et du gaz, capacité de production de chaleur et d’électricité en abondance, résilience assurée, coûts très faibles.

Pour la France et pour les Français, il ne s’agit rien de moins que d’une nouvelle prospérité pour les décennies à venir.